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Page:Leo - L Institutrice.djvu/199

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Feuilleton de la République française
du 3 février 1872

(33)

LES FILLES PAUVRES

L’INSTITUTRICE[1]


Instruite la dernière, Sidonie cherchait à conjurer le péril, quand un inspecteur tomba dans sa classe. C’était un jour d’orage. L’atmosphère lourde, énervante, jetait les enfants dans un malaise plein de surexcitation ; de grands éclairs sillonnaient le ciel ; le tonnerre grondait, et l’institutrice, afin de rassurer celles des élèves qui avaient peur, profitant d’ailleurs pour les instruire de toute occasion propre à fixer leur attention, donnait une leçon sur l’électricité. À l’aide d’une pile qu’elle tenait de M. Favrart, elle produisait des étincelles, expliquait le phénomène, racontait Franklin, et, sa montre à la main, faisait calculer aux enfants, après chaque éclair, la distance de la foudre. Les peureuses maintenant riaient, s’émerveillaient et prenaient au grand phénomène un intérêt, un plaisir extrême. Mais la fille du sacristain, plus pâle qu’à l’ordinaire, se signait.

  1. Voir la République française depuis le 26 décembre 1871.