Page:Leo - L Institutrice.djvu/200

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— Qu’avez-vous, Marie ? Quoi ! vous avez encore peur ? Vous n’écoutez donc pas ce que nous disons. On vient de calculer que la foudre est encore à trois lieues de nous ; et puis, notre maison est basse et n’a point de hautes cheminées, ni d’arbres élevés tout près d’elle. Si le combat des deux électricités arrive à se produire sur notre village, c’est sur le clocher que la foudre tombera, ou sur les peupliers de la fontaine.

— Non, non, dit Marie, qui s’était levée, la figure altérée par l’épouvante, ça sera dans cette chambre où on insulte le bon Dieu, en voulant faire comme il fait. Je veux m’en aller !

— Oh ! s’écrièrent plusieurs des enfants, elle croit encore que c’est le bon Dieu qui fait du tapage là-haut, parce qu’il est en colère. Est-elle bête ! Puisqu’on te dit ce que c’est.

Sidonie, émue de l’incident, s’efforça de retenir Marie, de la rassurer, et recommençait pour elle, avec une nouvelle clarté, l’explication du phénomène, quand l’inspecteur parut sur le seuil. Il écouta un instant, puis, se voyant aperçu, il s’avança, droit, sec et hautain, vers l’institutrice.

— Oh ! oh ! on fait des hautes sciences, ici ; c’est fort beau ! Je vois que vous êtes une savante, mademoiselle ; mais le mieux est, dit-on, l’ennemi du bien. Les filles ont-elles besoin d’être des docteurs ? Il faut avant tout qu’elles sachent bien leur catéchisme, bien coudre, puis lire, écrire, compter, et avec cela, si possible, un peu de grammaire ; c’est l’essentiel. Or, en les occupant du superflu, il se pourrait faire que l’essentiel fut négligé.