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Feuilleton de la République française
du 11 janvier 1872

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LES FILLES PAUVRES

L’INSTITUTRICE[1]


En France. — partout d’ailleurs dans notre monde encore entravé des langes monarchiques — tout homme en fonctions est un monarque. Eh quoi ! cette petite institutrice osait se permettre de contrôler les décisions des élus de la cité ! À peine avaient-ils songé si la chose lui pouvait être désagréable ; mais en tout cas, elle devait se taire. Leur indignation s’échauffait d’autant plus en considérant la dépendance et l’humilité de la chétive personnalité qui s’élevait contre eux, elle, serve à la fois de l’État et de la commune, esclave sur laquelle pesaient deux jougs, deux hiérarchies qui venaient s’abouter sur elle en l’étouffant. Précisément à cause de cela pourtant, elle en pouvait appeler de leur décision à l’autorité administrative, la faire modifier, casser, donner un dessous au conseil… Ils se promirent d’y mettre bon ordre, mais de ce moment ils furent décidément hostiles à l’institutrice. Auparavant, ils l’eussent écrasée

  1. Voir la République française depuis le 26 décembre 1871.