Page:Leo - Legendes correziennes.djvu/48

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— Je prendrai la lance du Seigneur et je disperserai ses ennemis. Anne !

Quand elle fut venue près du lit, il mit la main sur sa tête :

— Ne crains rien maintenant et marche dans ta voie sans peur. Ils ont cru me tuer, ils n’ont fait que me rendre plus fort. Je pénétrerai leur cœur, je suivrai leurs pas ; ils me trouveront partout, et malheur à eux !

Alors sa tête se balança, et il retomba sur son oreiller en murmurant :

— Mon Dieu ! mon Dieu !

Et c’est ainsi qu’il finit, en vrai chrétien, le nom du bon Dieu à la bouche, ayant reçu tous les sacrements.

Je crois que la Nanon l’eût suivi de bon cœur, tant elle semblait malheureuse au monde. Il n’y eut moyen de l’arracher d’auprès de ce lit, et vous ne pouviez rien dire qui lui fit la moindre chose. Avec ça, elle ne pleurait ni ne criait comme font les autres ; mais son visage tout blanc et tout immobile faisait mal à voir.