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Page:Leo - Les Deux Filles de monsieur Plichon.djvu/70

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— Tant pis, dis-je ; elle y tiendrait donc ?

— Eh non ! vous êtes vraiment trop susceptible ; c’est une idée comme cela. Quand mon beau-frère nous a lu la lettre, Adeline a dit à son mari : M. Lebrun s’est trompé quant à la fortune ; car M. de Montsalvan est ruiné, il me l’a dit. — Ruiné ! s’est écrié M. Plichon, qui a paru très-déconcerté — Adeline alors a raconté que le principal artisan de votre ruine avait été un intendant en qui vous aviez confiance, et elle a fait remarquer votre franchise et votre délicatesse. — Dame, les pères ont tous la même marotte. Il y a eu une longue discussion, et mon beau-frère s’entêtait, quand Blanche s’est jetée à ses genoux en pleurant. — En voici bien d’une autre, s’est-il écrié ; il paraît que vous êtes toutes entêtées à cela. Et il s’en est allé en tirant la porte. Blanche s’est presque trouvée mal. Moi, je savais bien que M. Plichon ne tarderait pas à revenir. En effet, il est rentré quelque temps après, et voyant sa fille toute en larmes dans mes bras, il s’est emporté encore ; puis il lui a pris les mains et l’a grondée ; enfin il l’a attirée sur ses genoux. J’ai dit alors que votre nom et vos relations valaient une fortune et que vous obtiendriez facilement une place superbe. Cela a fait beaucoup d’impression sur mon beau-frère. — Mais alors, a-t-il dit, ce serait tout différent, tout différent ! Il ne lui reste plus que des doutes sur votre sagesse ; il craint que vous ne puissiez perdre l’habitude d’être prodigue, et aussi… Clotilde s’arrêta en me regardant malicieusement ; puis, reprenant un air sérieux : Mon beau-frère ignore combien un véritable amour a d’empire ; moi je le considère comme un baptême, une