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Page:Leo - Marie - la Lorraine.djvu/5

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lequel il avait préparé une fosse à côté, maçonnée de chaux hydraulique, et toujours couverte.

Le Bourny était à près de trois kilomètres d’une rivière qui s’appelle la Nied, mais pas moins l’eau n’y manquait pas. Dans la cour, une fontaine coulait à plein goulot et un peu derrière la maison, le terrain s’en allait en pente jusqu’à des prés bas où il y avait deux sources, dont le ruisseau, pas bien gros, mais toujours cheminant, petit à petit arrivait jusqu’à la Nied, et cela tenait plutôt au défaut de pente si ce ruisseau n’était pas plus fort et plus rapide ; car les prés étaient pleins de joncs, et l’on enfonçait en plusieurs endroits comme dans un marécage. Bien d’autres se seraient lamentés de cela sans y toucher : Mathurin Chazelles fit autrement ; il creusa tout au travers de ces prés un grand nombre de fossés, qu’il remplit de gros cailloux et ensuite recouvrit de terre et de gazon. L’eau s’égouttait là-dedans comme il faut, et les prés se trouvèrent ainsi drainés, sans tuyaux il est vrai ; mais, pour en acheter, il faut de l’argent de poche, et celui-là manquait à Mathurin ; mais non point cet argent que tous les bons travailleurs ont dans les muscles et qui leur coule des mains dans la terre par le manche de la bêche et de la charrue.

Sur ces prés ainsi desséchés, la chaux fit merveille.

Quant à un pré haut qu’il avait, à moitié brûlé et plein de mauvaises herbes, le fermier du Bourny en fit en trois ou quatre ans le plus beau de la commune, tant en y répandant du terreau qu’en y faisant arriver l’écoulement de la fontaine par une grosse rigole, qu’il partagea ensuite en beaucoup de petites, bien pratiquées dans le sens de la pente, tant et si bien qu’au bout de six ans Mathurin Chazelles eut ses étables pleines de beau bétail, sans avoir besoin d’acheter du foin pour le nourrir.

Cependant, il est une pensée qui cha-