Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/130

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front, laissant dans l’ombre le bas de son visage. Ainsi penchée sur le travail, d’un visage sérieux et doux, elle était plus belle et plus sainte que ces amoureuses figures qu’on représente couronnées d’auréoles et regardant le ciel.

Quelques instants après, un petit craquement se produisant aux vitres, Lucie leva les yeux encore et tressaillit, car elle crut entrevoir quelqu’un derrière la fenêtre. Presque aussitôt un pas retentit dans le corridor, et Michel entra.

— Ah ! s’écria Mlle Bertin en apercevant sa figure émue, vous m’apportez de mauvaises nouvelles ; mais quand il leva sur elle son regard brillant, elle se dit : non, ce n’est pas de la tristesse.

— Non, mam’zelle Lucie, au contraire, tout va mieux. La Bernuchon est revenue, elle parle, elle a pris un peu de nourriture. Et c’est de joie que pleure Gène à présent.

— Asseyez-vous, dit la jeune fille, qui, heureuse de cette nouvelle, en voulut savoir les détails.

Michel avança une chaise de l’autre côté de la petite table, en face de Lucie. Et tandis qu’il répondait à vingt questions, son air intriguait Mlle Bertin, car il semblait à la fois contraint et expansif, heureux et timoré ; souvent il cachait sous sa paupière abaissée un regard brillant. Elle pensa tout à coup : Ah ! c’est qu’il vient de voir Gène… et peut-être… hier il n’a pas dit non… sans doute il l’aime… où prendrait-il cet air-là ? Dans cette idée elle regarda Michel d’un air affectueux, mais avec un sourire malin qui fit monter le rouge au visage du jeune homme.

— Et le médecin ? demanda-t-elle.

— On l’attend toujours, mam’zelle Lucie, et, ma foi, ils ont aussi envoyé chercher le devin.