Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/469

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força de respirer profondément. Mais sa poitrine obstruée refusa le passage à l’air en produisant un sifflement sourd. Clarisse pâlit, sa main se crispa sur le bras de sa mère, et tout à coup éclatant de larmes et en cris :

— Ah ! s’écria-t-elle, je ne veux pas, je ne veux pas mourir.

— Ma fille, ma chère fille ! s’écria Mme Bertin.

— Chère sœur, dit Lucie toute pâle, en embrassant Clarisse, la maladie t’inspire de cruelles idées. Oh ! ne t’y abandonne pas.

— Oui, sans doute, dit-elle d’une voix âpre, que je me laisse bercer de paroles jusqu’au moment de partir ! Non, cela m’est par trop amer de penser que je vais mourir et que si l’on voulait je pourrais être sauvée.

— Si l’on voulait, répétèrent-elles ensemble avec épouvante.

— Oui, oui, si c’était pour moi comme pour d’autres. Il y a sur la terre, autour de moi, tout ce qu’il faut pour me sauver ; mais ce n’est pas pour moi, et je meurs sans secours ! Oh ! c’est un crime ! Aurélie ne serait pas morte ! elle, de cette maladie-là. Ah ! j’ai été folle, insensée ! Je me voyais dépérir avec joie ; la vie m’était si triste que je voulais mourir. Mais, à présent, je ne veux plus ! La mort me fait horreur ! Je veux rester sur la terre. Ah ! maman ! maman ! s’il est possible, tâche de me sauver !

Elle entourait sa mère de ses bras tremblants, des sanglots sifflants et brisés déchiraient sa poitrine, puis ses lèvres blanchirent, et elle s’évanouit.

Aux cris de Lucie et de Mme Bertin, un homme accourut, en sautant par-dessus la haie. C’était Michel. Il prit Clarisse des bras de sa mère, l’emporta en courant et la mit sur son lit.

— Je cours à présent chercher le médecin, dit-il.

— Oui, Michel, je vous en prie, répondit Mme Bertin.