Page:Leo - Une vieille fille.pdf/122

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Albert alla trouver mademoiselle Dubois. Celle-ci, quoiqu’elle eût bien le secret de la tristesse et de la préoccupation de son jeune ami, était restée silencieuse à ce sujet, et, depuis la scène du naufrage, rien n’en avait marqué le souvenir entre eux, que l’expression intime d’une affection plus profonde qu’échangeaient leurs voix et leurs regards. Il est des amitiés qui ont tous les charmes et même les émotions idéales de l’amour. Ce sont les affections que le choix a formées, en dehors de l’habitude, par une succession de révélations et d’épreuves morales. Elles sont de même essence que l’amour et n’en diffèrent que pour être maîtresses moins complètement de tout l’être. Mademoiselle Dubois écouta sans surprise, mais avec tristesse, la confidence d’Albert.

Elle avoua qu’elle voyait l’alliance projetée, avec joie pour sa sœur, mais avec un peu de défiance du bonheur d’Albert. Cependant, ajouta-t-elle, Pauline enfant était douce et bonne. C’est le monde et le désir de plaire qui l’ont gâ-