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ours noirs, cerfs, sangliers, porcs, lièvres, volailles, perdrix, cailles, faisans, poules sauvages, paons, cigognes et autres oiseaux ; des singes ; des légions d'insectes ; des vers à soie ; des abeilles ; enfin des serpents, crocodiles, tortues et grenouilles. Le poisson abonde ; il constitue une richesse pour la population.

Le Tonkin se divise en deux parties distinctes : la partie montagneuse et la partie plate et basse que l'on nomme Delta. Les montagnes sont couvertes de forêts difficilement pénétrables. Le Delta n'est autre chose qu'une plaine d'alluvions sillonnée par de nombreux cours d'eau. Le climat du Tonkin est très variable et les Annamites l'ont si bien reconnu qu'ils divisent l'année en vingt-quatre saisons. Les principaux fleuves sont le fleuve Rouge et le Thaï-Binh ; les principales rivières sont : la rivière Claire et la rivière Noire.

La grande majorité de la population est annamite ; les peuples voisins semblent avoir adopté les mœurs et le genre annamite, sauf que les Annamites sont polygames et que ceux qu'ils appellent les sauvages (les habitants de la montagne) ne le sont pas. Le docteur Harmand a même rencontré une femme régulièrement en puissance de deux maris. Les Annamites sont de petite taille, plutôt disgracieux. La couleur de leur peau varie du brun au ton de la vieille cire, avec des cheveux noirs, gros, raides, très longs, portés par les deux sexes et relevés en chignons. La barbe est rare chez les hommes. Pour les deux sexes, le costume est presque identique (un large pantalon et une tunique). Tout le monde marche pieds nus et mâche du bétel. L'Annamite a une véritable passion pour le jeu, les courses et le théâtre. Il joue jusqu'à ses vêtements, et quand il a tout perdu, il se met à mendier et au besoin à voler.

Le mari est le chef tout-puissant de la famille. La coutume indigène lui donne, dans beaucoup de cas, le droit de répudier sa femme ou même de la vendre.