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Au commandant Odry, l’étranger que j’étais doit sa première initiation française. Le soldat lui doit aussi beaucoup. Avant de servir sous ses ordres, j’avais déjà le goût du métier et surtout de la vie libre en campagne, inconnue dans les garnisons européennes. De ce qui n’était qu’une tendance d’adolescent, les exemples et les leçons du commandant Odry firent une passion et un besoin. Le caractère du chef y fut aussi pour beaucoup. Entreprenant, actif et dur pour lui-même, il exigeait le maximum de tout son monde ; aux heures de loisir, chacun était son maître, mais, dans le service, il lui fallait une discipline stricte et une rigoureuse exécution des ordres. Sa bravoure au feu, son allure crâne et, avec cela, un grand fonds de bienveillance, l’avaient rendu populaire parmi les soldats, venus des quatre coins de l’Europe, qu’il commandait.

Le commandant Mouret acheva pour moi ce que le commandant Odry avait commencé. Je trouvai auprès de lui les mêmes satisfactions de vie aventureuse, les mêmes occasions de voir du pays et, simple troupier que j’étais encore, d’avoir à me débrouiller souvent par moi-même.

Non content de nous expliquer ce qu’est l’initiative, notre capitaine nous la laissait exercer, aussi bien dans les engagements où chacun payait de sa personne, que dans la vie plus monotone et plus sédentaire de nos postes.

A vous, mon général, et à ces deux chefs, j’offre l’hommage d’un soldat, devenu Français de fait, de cœur et de persuasion.

SILBERMANN.