Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/167

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et de porc séché, de poisson et de légumes salés.

Les cultures principales sont celles du riz, des patates, du manioc, de la canne à sucre, du maïs, etc. Les arbres fruitiers sont les mêmes qu’au Tonkin. Ils cultivent également l’indigo et le tabac. Ils pratiquent l’industrie des salines et de la pêche ; celle-ci surtout offre une importance considérable. C’est Hong-Kong qui absorbe presque tout le trafic du pays ; la douane n’est pas organisée. Les principales importations sont les cotonnades, toiles et tissus, l’opium, les allumettes, fournis par le Yunnan et Hong-Kong, et le pétrole qui vient d’Amérique.

Dès notre arrivée à Quang-Tchéou-Wan, nous commençâmes des reconnaissances un peu partout. Les habitants se montraient très hostiles ; ils nous regardaient d’un air menaçant, sans toutefois se livrer à des hostilités. Pour parer à une attaque soudaine, notre poste fut fortifié. Nous savions qu’un préfet chinois, le plus populaire et le plus écouté du pays, avait excité la population contre nous ; en même temps des lettres de menaces nous parvenaient de plusieurs grands mandarins, nous engageant à quitter au plus vite le territoire sous peine d’être tous massacrés.

Au début, nous n’étions qu’une compagnie. Nous éprouvions d’énormes fatigues du fait des travaux de fortification et d’un service de garde très chargé ; puis, la nourriture était plus que maigre, car on refusait de nous vendre quoi que ce soit. À l’arrivée d’un premier renfort, on créa immédiatement huit postes : Fort-Bayard, Fort-Baulmont, Hoï-Théou, Mont-Aou, Nha-Cham, Tzin-toï, l’île de Tanh-Haï avec deux postes. Tous les villages étaient montés contre nous et on ne pouvait pas se risquer à plus de cent mètres du poste, même en groupe. Le 9 octobre 1898, une reconnaissance fut dirigée vers Cheu-Cam (ville de cinq à six mille habitants). Nous étions en tout quatre-vingt-deux hommes, officiers compris, sous les ordres du capitaine Maitret auquel nous avons certainement dû la