Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/181

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en rade de Fort-Bayard, autorisés par l'amiral, reçurent l'ordre de ne pas quitter la rade sans permission, sous peine d'être coulés. En même temps, quelques prisonniers qui avouèrent avoir participé à l'assassinat de nos deux officiers furent condamnés à mort et exécutés. D'autres, reconnus innocents, furent relâchés, sauf quelques-uns qui avaient d'autres méfaits à se reprocher et qu'on garda prisonniers ; la cangue au cou, ils furent employés aux travaux du bord les plus pénibles. Enfin, une compagnie de débarquement s'empara de la ville de How-Hoï, située sur le fleuve et où de nombreux agitateurs étaient signalés.

Un jour, en faisant une patrouille dans la direction de Hoï-Téou, et en sortant d'une petite forêt, une dizaine de soldats chinois nous apparurent subitement. Les entourer et les désarmer fut l'affaire d'un instant. Ils avaient l'air ahuris et ne voulaient pas nous suivre. Après tout ce qui venait de se passer, nous étions très montés contre eux ; aussi commença-t-on à les bousculer et à les tirer par leurs tresses. Mais, arrivés au poste avec nos prisonniers, nous fûmes fraîchement reçus par le capitaine, et récompensés par... une forte algarade. Notre capture, c'était... l'escorte du maréchal Sou ! — Possible ! répondit le chef de patrouille, mais il est dans la nature humaine de se tromper.

Le 16 novembre, l'amiral ordonna une nouvelle attaque. Cette fois, nous étions deux bataillons d'infanterie de marine, une demi-batterie d'artillerie, une fraction de linh chinois et les canons de la flotte. Nous nous mîmes en route vers six heures du matin, sous les ordres du colonel Marot. L'état-major lui avait adjoint le commandant Leblois, officier d'un très haut mérite, aussi brave que bon. Dans l'espace de vingt-quatre heures, ces deux chefs surent se faire connaître et aimer par tous les soldats de Quang-Tchéou-Wan.

Deux navires de guerre, le Descartes et la Surprise s'embossèrent devant Ché-Cam et ouvrirent le feu, dès cinq heures du matin, sur Mac-Giang, principal foyer