Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/267

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Je fais grâce du reste au lecteur.

Un télégramme optique qui nous était parvenu la nuit nous ordonna de quitter les Tombeaux impériaux et de rallier Chou-Chéou. Tout fut emballé pêle-mêle, et à dix heures du matin nous disions adieu à ces fameux Tombeaux, qui avaient bien failli être les nôtres. Tous les mandarins de la région s’étaient rassemblés à Chang-Ling pour nous souhaiter bon voyage. Ils nous offrirent des voitures attelées de mulets pour nos bagages ; plusieurs d’entre eux nous accompagnèrent jusqu’à I-Tchéou.

À Laï-Su-Sien, où se trouvait la limite du territoire du commandant, les mandarins en habits de grande cérémonie vinrent le recevoir à l’entrée de la ville. Ils lui exprimèrent leurs remerciements et leur reconnaissance pour la protection qui leur avait été donnée contre les troupes des autres nations et contre les Boxers ; mais, malgré leurs salamalecs, j’étais persuadé qu’ils ne pensaient pas un mot de ce qu’ils racontaient. À Chou-Chéou, nous prîmes le chemin de fer, oui, le chemin de fer ! Et quelle différence entre la situation du mois d’avril 1901 et celle du mois de septembre 1900 ! Nous roulions en wagon, lentement il est vrai, mais que de fatigues nous étaient épargnées ! Cette voie ferrée avait été reconstruite avec une rapidité étonnante par les soldats du génie français. Nous arrivâmes enfin au point qui avait été notre première étape en partant de Pékin, à Lou-Kou-Kiao, que la compagnie avait reçu l’ordre d’occuper. De là, je fus envoyé dans un petit poste (qui comprenait un adjudant et seize hommes) nommé Sang-San-Sien, en face de notre cantonnement et où se trouvait déjà un poste allemand (un sous-officier et quinze hommes). À peine installés, il nous fallut échanger des coups de fusil avec une bande chinoise montée qui fut facilement mise en fuite. Nous agissions toujours de concert avec le poste allemand. Le chef de ce poste nous avait même une nuit fourni spontanément une sentinelle double pour garder un