Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/284

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assez vite installés. La voie ferrée fut rapidement réparée. Des convois réguliers de chameaux reliaient les détachements les plus éloignés. Des services d'estafettes organisés d'étape en étape transportaient chaque jour le courrier à Pékin. Malheureusement l'hiver survint. Les routes devinrent impraticables, les chameaux portant les vivres et les effets pour les hommes en première ligne furent retardés dans leur marche ; c'est pour cela que, pendant la moitié de la saison froide, nous sommes restés privés des effets indispensables. Les maladies qui ont le plus sévi pendant cette campagne sont la diarrhée, la dysenterie et la fièvre typhoïde. Vers le mois de novembre, apparut le typhus de la mouche charbonneuse. Pas un militaire atteint n'en guérit. Le service médical de première ligne laissait à désirer ; aussi bien chez nous que chez les autres nations, on manquait sans cesse de médicaments. Je ne sais à qui en attribuer la faute. Il se peut qu'elle soit due au retard constant des convois ; mais, quoi qu'il en soit, cette pénurie de remèdes augmenta considérablement la mortalité.

Si tout ne marchait pas à souhait chez nous en première ligne, nous eûmes du moins la consolation de constater que c'était encore pis chez les autres nations. Combien de fois avons-nous entendu les Allemands et les Italiens en colonne se plaindre de ce qu'ils n'avaient rien à manger. Chez eux, la conséquence était le plus souvent un pillage général, comme à Liou-Li-Ho, par exemple. Nos officiers seuls empêchaient leurs hommes de dévaliser et de molester les Chinois ; ceux des autres puissances ne s'en inquiétaient guère. Cela n'empêcha pas d'ailleurs quelques journaux de la métropole de nous présenter au public comme des pillards, des malfaiteurs et des assassins. Je suis certain que bien des militaires étrangers devaient rire dans leur barbe en lisant ces accusations. Et, je ne saurais trop le redire, j'aurais voulu voir à notre place les auteurs de ces articles, qui, au moment où nous