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manquions de tout, déjeunaient peut-être copieusement dans quelque restaurant du boulevard.

Nos marches ont été souvent très pénibles. Les étapes de 30 à 50 kilomètres avec un havresac très chargé n'étaient pas rares. Les premières troupes françaises débarquées en Chine furent celles de l'Indo-Chine ; à Tien-Tsin, elles eurent à soutenir plusieurs combats acharnés. Vint ensuite la marche sur Pékin que le manque de vivres rendit particulièrement dure. Mais, arrivée dans la capitale, la colonne y trouva des soulagements. Un grand nombre de malades furent envoyés au Japon, dont l'excellent climat leur permit de se rétablir promptement ; les autres embarquèrent pour la France.

Le rôle le plus important ensuite fut joué par le 17e régiment colonial. Ce corps reçut notamment la mission d'ouvrir la marche et de préparer la route pour la colonne internationale de Pao-Ting-Fou, d'organiser les gîtes d'étapes, d'occuper la ligne des Tombeaux impériaux et d'assurer la tranquillité de la partie la plus agitée du Petchili. J'ai déjà dit que dans cette dernière région, nos chefs ; principalement le lieutenant-colonel Rondony et le commandant Fonssagrives se sont montrés d'une bravoure, d'une habileté remarquables, aussi bien comme soldats que comme administrateurs. Du côté de Pao-Ting-Fou, le général Bailloud opéra avec la dernière vigueur. Il mit vite les rebelles à la raison, mais ses actes les plus énergiques étaient toujours tempérés par l'humanité. Il jouissait d'un grand prestige parmi les militaires des nations étrangères ; sa grande courtoisie, son esprit de conciliation et sa justice impartiale le firent choisir souvent comme arbitre dans des affaires compliquées.

L'artillerie n'a pu jouer, sauf au début de la campagne où son influence fut considérable, qu'un rôle relativement secondaire. Ses conducteurs annamites ainsi que les coolies du même pays furent rapatriés