Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ouidah était le centre des intrigues dahoméennes ; c'est pour cette raison probablement que le colonel y établit son quartier général, afin de dépister les complots et d'organiser un service de renseignements qui le mît au courant des faits et gestes de Behanzin. On savait que celui-ci était à Atcheribé chez les Mahis, et qu'il avait écrit à notre ministre de la marine. Il prenait les plus grandes précautions pour se protéger, non seulement contre nous, mais encore contre les tentatives d'empoisonnement des gens qui l'entouraient ; l'amazone qui préparait ses aliments était tenue de déguster en sa présence tous les mets avant qu'il se décidât à y toucher. Il n'avait plus avec lui que deux cents guerriers bien armés et la variole faisait de grands ravages parmi le peuple mahis.

Le colonel prit ses dispositions pour couper à Behanzin toute communication avec Abomey et Porto-Novo. D'autre part, toutes les populations occupant la région d'Ouémé à Abomey et de Ouidah s'étaient ralliées à nous trop franchement pour qu'il pût trouver un appui efficace au milieu d'elles. Cette soumission de groupements importants s'était effectuée très vite, grâce au bon sens du colonel et à la justice bienveillante qu'il savait rendre à tous. Par caractère, il n'employait jamais la diplomatie qui complique tout, et qui, souvent, occasionne des ennuis inextricables. Il allait droit au but et obtenait de magnifiques et rapides résultats par sa décision, sa loyauté et son expérience.

En même temps, le colonel s'occupait de la division du pays en cercles. Il nommait des chefs de canton et de village, des chefs de territoire et de cercle. Le colonel Lambinet, de l'infanterie de marine, était chargé des négociations avec les messagers que Behanzin ne cessait d'envoyer. A part quelques escarmouches avec des groupes de rôdeurs — dont une assez grave où le commandant Maugin fut mortellement blessé — le pays était tranquille. Ces rôdeurs,