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Page:Leopardi - Poésies et Œuvres morales, t1, 1880, trad. Aulard.djvu/23

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À qui tu t’es donné, la croyant éternelle,
Elle est morte, et bien morte ! et je sens qu’avec elle
Non seulement l’espoir, mais le désir est mort.
Meurs aussi, pauvre cœur ! Sans regret ni remord
Du Passé, rends à l’air ta flamme inassouvie.
Vœux déçus, amertume, ennui, voilà la vie.
Dans le renoncement est la sérénité.
Pour souffrir, n’as-tu pas trop longtemps palpité !
Repose-toi, mon cœur ! Il n’est rien en ce monde,
À tes fiers battements il n’est rien qui réponde.
La terre est vide, et vide est le ciel ! Le Destin,
Pouvoir lâche et caché, nous mène au but certain,

Le néant !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Repose-toi, mon cœur, — désespère à jamais !


Cet essai si heureux montre qu’il ne serait peut-être pas impossible à un vrai poète de traduire Leopardi en vers. Ainsi rendu, il plairait davantage et serait peut-être plus lui-même. Notre prose l’aura sans doute trahi plus d’une fois, et la Ginestra, son chef-d’œuvre, paraîtra bien pâle : c’est que traduire un poète est impossible, si on prend ce mot à la lettre, surtout quand il s’agit de Leopardi. On peut du moins en donner