Page:Leopardi - Poésies et Œuvres morales, t2, 1880, trad. Aulard.djvu/98

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Ô chères nuées ! ô ciel ! ô terre ! ô plantes ! Ma dame part : Ah ! pitié, si un malheureux amant peut obtenir pitié en ce monde.

Ô tourbillon, éveille-toi maintenant : Ô nuées, essayez de me submerger, jusqu’à l’heure où le soleil ramène le jour en d’autres terres.

Le ciel s’ouvre, le souffle tombe ; de tous côtés, l’herbe et les feuilles deviennent immobiles, et un soleil cru éblouit mes yeux pleins de larmes.




XXXVIII


Le rayon du jour s’était éteint à l’occident ; la fumée des villas avait disparu et on n’entendait plus les cris des chiens et des hommes ;

Lorsque, allant au rendez-vous d’amour, elle se retrouva au milieu d’une plaine la plus charmante et la plus gaie qui fût jamais.

La sœur du soleil répandait sa clarté de tous côtés et argentait les arbres qui enguirlandaient ce lieu.

Les rameaux s’agitaient et chantaient au vent, et en même temps que le rossignol à la plainte éternelle un ruisseau faisait entendre une douce lamentation parmi les troncs d’arbres.