Page:Leopardi - Poésies et Œuvres morales, t2, 1880, trad. Aulard.djvu/99

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Limpide au loin était la mer, et on découvrait les campagnes, les forêts et, une à une, toutes les cimes de la montagne.

La vallée sombre gisait dans une ombre tranquille, et la lune qui amène la rosée revêtait de sa blancheur les collines d’alentour.

La dame suivait seule la route muette, et elle sentait passer mollement sur son visage le vent chargé d’odeurs.

Si elle était joyeuse, à quoi bon le demander ? Elle prenait plaisir à ce spectacle et le bonheur que son cœur lui promettait était plus grand encore.

Comme vous avez fui, ô belles heures sereines ! Ici-bas rien ne reste agréable et rien ne se fixe, si ce n’est l’espérance.

Voici que la nuit se trouble, que l’aspect du ciel s’obscurcit, cet aspect qui était si beau, et, en elle, le plaisir se change en peur.

Un nuage trouble, père des tempêtes, se levait derrière les monts et grandissait tellement qu’on ne découvrait plus la lune ni les étoiles.

Elle le voyait s’étendre de tous côtés, monter peu à peu dans l’air et lui faire un manteau au-dessus de la tête.

Le peu de lumière qui restait s’affaiblissait sans cesse ; et cependant le vent s’éveillait dans le bois, dans le bois près de ce lieu délicieux,

Et devenait plus fort à chaque instant, si bien