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Page:Leopardi - Poésies et Œuvres morales, t3, 1880, trad. Aulard.djvu/256

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Et j’ai remarqué que leur bonté croît en raison de cette opinion qu’ils ont d’eux-mêmes. Enfin la certitude de leur valeur et de l’aveu unanime du genre humain ôte à leur caractère toute âpreté : en effet, quand on est content de soi-même et des hommes, on n’a point d’âpreté. Alors ils acquièrent une telle tranquillité que parfois ils ont presque l’air de personnes modestes.


LXXXIX


Celui qui fréquente peu les hommes est rarement misanthrope. Les vrais misanthropes ne se trouvent pas dans la solitude, mais dans le monde : car c’est l’usage pratique de la vie, et non la philosophie, qui nous fait haïr les hommes. Et un misanthrope qui se retire de la société perd dans la retraite sa misanthropie.


XC


J’ai connu un enfant qui, chaque fois que sa mère le contrariait, disait : « Ah ! je sais, je sais : maman est une méchante. » C’est avec la même logique que la plupart des hommes jugent leurs proches : mais ils n’expriment pas leur pensée avec autant de simplicité.