Aller au contenu

Page:Leopardi - Poésies et Œuvres morales, t3, 1880, trad. Aulard.djvu/277

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

renoncer, pour ainsi dire, à la félicité et de s’abstenir autant que possible de fuir le contraire de la félicité. Ainsi l’insouciance des choses du dehors, prescrite par Épictète et par les autres stoïciens, signifie précisément qu’il ne faut ni se soucier d’être heureux ni éviter d’être malheureux. Cet enseignement, qui revient à dire que l’on doit s’aimer avec le moins d’ardeur et de tendresse possible, est en vérité le sommet et le résumé de la philosophie d’Épictète et même de toute la sagesse humaine, pour ce qui regarde le bien-être de chaque âme en particulier. Et moi qui après beaucoup de peines morales et beaucoup d’angoisses, réduit presque malgré moi à pratiquer habituellement l’enseignement dont je viens de parler, ai retiré d’une telle pratique et en retire toujours une utilité incroyable, je désire et je souhaite chaudement à tous ceux qui liront ces pages la faculté de mettre pareillement cette morale à exécution.