Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/116

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dangers de la vie d’étudiant. Il fut indemne de l’avarie. Il ne souffrit d’aucun amour rebuté. Il n’a pas été passé au laminoir de la jalousie. Il a été mari modèle, mari heureux, on pourrait presque dire exceptionnel. Pas de drame passionnel à citer, où on puisse lui assigner un rôle. Le scandale et la souffrance dans le mariage lui ont été épargnés. Impossible, comme on l’a fait pour tant d’hommes de lettres, de publier un ouvrage ayant pour titre : les Maîtresses de Zola. Il n’eut, d’un Byron ou d’un Chateaubriand, que le lyrisme. Il manifestait, dans son belvédère comme en ses garnis du Quartier, une défiance envers les filles faciles. Elles passent d’un amant à l’autre, disait-il, sans regretter l’ancien, sans presque désirer le nouveau. Rassasiées de baisers, fatigués de voluptés, elles fuient l’homme quant au corps ; sans nulle éducation, sans aucune délicatesse de sentiment, elles sont comme privées d’âme, et ne sauraient sympathiser avec une nature généreuse et aimante. Il ne croyait pas à la courtisane à qui l’amour refait une ingénuité. Qu’elles rencontrent un cœur noble (s’écriait-il avec une indignation quelque peu théâtrale et sentant son Desgenais, personnage alors très applaudi au théâtre), qui tâche de les relever par l’amour, et qui, avant tout, voulant pouvoir les estimer, cherche à les rendre honnêtes femmes, ah ! celui-là, elles le bafouent, le gardent parfois pour son argent, mais elles ne l’aiment jamais, même dans le singulier sens qu’elles donnent à ce mot. C’est la moralité des pièces du temps, en réaction contre la formule romantique des Marion Delorme : l’anathème et l’impitoyable hors la loi du cœur des Filles de Marbre, du Mariage d’Olympe, des Lionnes Pauvres Si la fille le décourageait, la veuve ne le tentait que