Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/145

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et sot, mais c’est ainsi. La gloire devient une circonstance aggravante : on juge le livre du novice de lettres avec la sévérité permise envers le profès du succès. Le Vœu d’une Morte n’est pourtant pas un ouvrage absolument détestable en soi. On en lit encore tous les jours d’aussi fades. On est, toutefois, déconcerté par ce roman, romanesque à pleurer, avec ses banalités et ses conventionnelles insignifiances. Un lecteur, d’ailleurs invraisemblable et inexistant, revenu de quelque contrée lointaine, supposé ignorant tout de Zola ; œuvre, nom, réputation et légende, trouvant ce volume, dirait : « C’est doux, et l’auteur doit être un bon jeune homme bien sage, qui s’est appliqué à faire du Cherbuliez ou de l’Henri Gréville. » Puis il déposerait ce tome, en bâillant un peu, et n’y songerait plus, jamais plus. Mais celui qui a lu le vrai Zola, l’autre Zola, le lecteur actuel, le lecteur postérieur à la réédition de 1889, ne peut supporter cette guimauve. Qu’on y prenne goût ou qu’on le déteste, le piment est admis dans tout ouvrage de Zola. Il est même prévu, et pour ainsi dire attendu. Si on ne l’y trouve pas, on est disposé à réclamer. Il y a mécompte, et comme tromperie dans la marchandise mise en vente. Tout livre de Zola doit être mets de haut goût, emportant le palais à la première bouchée. Le succès des ouvrages de Zola succédant à l’Assommoir a été dû, non pas tant au grand et prodigieux talent qui y éclatait, qu’aux passages violents promis, aux tableaux crus, qu’on attendait, aux expressions brutales et suggestives qu’on était certain d’y rencontrer. La littérature de Zola devait être toujours et partout épicée. Voilà une opinion toute faite du public, difficile à défaire. En coupant les premières pages de tout livre nouveau signé de celui que, par dérision, les échotiers appellent encore le