Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/268

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qu’il l’avait observée, devinée, et selon qu’il s’était documenté. En même temps, son œuvre échappait au péril de l’éparpillement. Le cadre était fixé, la vaste fresque sociale, qu’il entreprenait de brosser à larges touches, devait y entrer, et la toile ne déborderait pas, étant contenue dans la bordure historique. Il a, d’ailleurs, constaté lui-même cette limitation dès 1871, dans l’introduction à la Fortune des Rougon. Depuis trois années, dit-il, je rassemblais les documents de ce grand ouvrage, et le présent volume était même écrit, lorsque la chute des Bonaparte, dont j’avais besoin comme artiste, et que toujours je trouvais fatalement au bout du drame, sans oser l’espérer si prochaine, est venue me donner le dénouement terrible et nécessaire de mon œuvre. Celle-ci est dès aujourd’hui complète. Elle s’agite dans un cercle fixe. Elle devient le tableau d’un règne mort, d’une étrange époque de folie et de honte. Zola aurait certainement pu sortir du champ où il décidait de se clore. Nul ne se serait plaint, ou n’eût songé à critiquer. Les Trois Villes et les Trois Évangiles sont en dehors de l’époque et du milieu, où l’auteur s’était parqué avec ses Rougon-Macquart, et cette évasion du milieu impérial n’a soulevé aucune objection. Mais il tenait à exécuter de point en point le plan qu’il s’était tracé. Comme il ne laissait rien au caprice, ni à l’imprévu, dans la composition de chaque ouvrage, pris séparément, il entendait montrer que l’ensemble de ses œuvres avait été soumis à un devis général, à un avant-projet complet et définitif, dont il ne pouvait ni ne voulait s’écarter. Il partageait l’opinion de Charles Baudelaire, qui disait, dans sa dédicace à Arsène Houssaye des Petits Poèmes en prose : Sitôt que j’eus commencé ce travail, je m’aperçus que je