Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/269

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restais bien loin de mon modèle, mais encore que je faisais quelque chose de singulièrement différent, accident dont tout autre que moi s’enorgueillirait sans doute, mais qui ne peut qu’humilier profondément un esprit qui regarde comme le plus grand honneur du poète d’accomplir juste ce qu’il a projeté de faire. Avec une coquetterie vaniteuse, Zola affirmait que, dès la Fortune des Rougon, c’est-à-dire en 1870, il avait composé patiemment l’arbre généalogique des Rougon-Macquart. Il ne convient pas d’attribuer à ce tronc l’importance que son arboriculteur lui donnait. Peut-être, pourtant, est-ce à sa plantation qu’il convient de rapporter l’obstination de Zola, malgré la chute de l’empire, alors qu’il n’avait composé que deux de ses romans, la Fortune et la Curée, à se renfermer dans les vingt années impériales. L’antériorité de son « arbre », servant à démontrer celle du plan, n’a qu’un intérêt anecdotique. C’est une preuve chronologique de composition, aussi. Si l’on contestait que la conception totale des Rougon-Macquart dût remonter à 1870, on ne saurait douter qu’en 1878 tout ce vaste drame, avec ses multiples personnages, n’eût déjà ses décors dessinés et ses rôles distribués. Cet arbre-scénario a été publié avec la Page d’Amour, et j’ai sous les yeux l’exemplaire du journal le Bien Public où il parut pour la première fois. C’est dans le numéro de ce journal portant la date du 5 janvier 1878 que ce tableau fut donné. Il tenait, à la 2e page, tout le rez-de-chaussée. Il était composé à la façon de ces états généalogiques, dressés par des hommes d’affaires spéciaux, fabricants d’ancêtres pour roturiers, ou pourchasseurs d’héritiers pour successions vacantes. Toute la famille, on devrait dire la dynastie des Rougon-Macquart, se trouve là enregistrée, baptisée, avec