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mission, tel est le motif qui le guida dans sa conduite, et dans son abstention désormais absolue.

Tels sont à peu près les événements qui se produisirent du 23 au 24, à quatre heures.

Nous eûmes une réunion des membres du Conseil à ce moment. Elle eut lieu au palais de la Bourse.

On y décida de dépêcher deux de nos collègues à l’Hôtel-de-Ville.

Le mandat de cette délégation était d’amener les membres de la Commission à évacuer la maison commune, en leur faisant toucher du doigt l’état désespéré de la situation. M. Hénon venait de rédiger une affiche, qui annonçait à la population la rentrée à Lyon de nos concitoyens, les mobiles, ces vigoureux défenseurs de Belfort. Le programme de leur réception y était tracé comme si la municipalité eût déjà repris son siège officiel ordinaire. MM. Gailleton et Soubrat, les délégués du Conseil municipal, reçurent la recommandation d’insister surtout sur cet argument. M. Vallier les assista de son concours tout volontaire.

Nos négociateurs furent reçus avec courtoisie à l’Hôtel-de-Ville. L’amour-propre seul maintenait encore les membres de la Commission à notre bureau. Il était évident qu’ils auraient voulu trouver un prétexte décent de quitter la place. Mais l’amour-propre est un terrible conseiller. Il valait mieux laisser le ferment du découragement opérer tout seul son œuvre de dissolution finale, que de galvaniser un Comité mourant, que dis-je, déjà mort, par une mise en demeure maladroite.

« La Commission partira cette nuit, laissons-la prendre son parti toute seule. » Telle fut la conclusion que nous rapportèrent les citoyens Gailleton et Soubrat. Nous approuvâmes l’esprit de ces conclusions, et nous nous séparâmes, en nous donnant rendez-vous pour le lendemain matin à 9 heures à l’Hôtel-de-Ville. C’était l’heure désignée par l’affiche du maire de Lyon, pour la réception des mobiles de Belfort par le conseil municipal.

(Docteur Crestin. — Souvenirs d’un Lyonnais. Lyon, 1897.)

FIN DE LA COMMUNE À LYON

Pendant la nuit du 24 au 20 mars, la Commission déclara au préfet et au secrétaire général qu’ils étaient