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dessus de 20,000 âmes. C’était au gouvernement qu’était dévolu le droit de nommer les maires et les adjoints dans ces cités. C’était, pour les villes, le retour au régime impérial. Lyon perdait son maire élu, droit acquis auquel il tenait par-dessus tout, qui avait été allégué, en diverses occasions, par le conseil municipal, pour repousser la Commune à Lyon et pour refuser son adhésion à la Commune de Paris.

Le conseil municipal de Lyon, en vertu de cette loi, déclara sa mission terminée, non sans avoir, dans son ultime séance du 28 avril, protesté contre le vote de l’Assemblée, et invité tous les électeurs qui allaient être appelés à voter de nouveau, à choisir pour leurs mandataires des citoyens, énergiques, capables d’affirmer et de maintenir tous les droits déjà acquis à la Ville de Lyon. Cela n’engageait pas beaucoup, et le pouvoir central pouvait dormir tranquille. Il y avait pourtant de l’agitation vive dans certains ! quartiers de Lyon, au 3e arrondissement particulièrement, la Guillotière. Ce quartier populeux, sur la rive gauche du Rhône, était celui des grandes usines, des chantiers, des entrepôts. Le docteur Crestin, qui avait été proposé par l’insurrection, au 23 mars, comme maire de Lyon, y exerçait une grande influence. Il avait dans ses attributions les fonctions d’officier de l’état civil du 3e arrondissement, et, comme tel, était souvent qualifié de maire de la Guillotière. Le drapeau rouge avait été conservé au balcon de la mairie de cet arrondissement. Bien qu’un instant après le rétablissement dans leurs fonctions du préfet et du secrétaire général arrêtés, il eût été violemment arraché, il avait été de nouveau arboré, sans opposition de la part du maire, officier de l’état civil.

La Guillotière fut donc le seul point de Lyon où l’espoir d’un nouveau mouvement pût enfiévrer les révolution-