signe la Commune ! » criait ce Fillion. Et en même temps il menaçait de son revolver les manifestants les plus voisins de lui, les invectivant parce qu’ils n’obligeaient pas le préfet à reconnaître la Commune, et qu’il les supposait indifférents ou hostiles. La foule nus mentait et les rumeurs devenaient plus fortes, plus irritées aussi. « Qu’il signe la Commune ! La Commune ! » vociféraient des voix furieuses. On mettait la plume sous le nez du préfet en même temps que Fillion tournait vers lui le canon de son revolver. M. de l’Espée résistait. « Je ne signerai, répétait-il, que si je puis ajouter que je suis contraint par la force ! Je veux bien signer votre proclamation de la Commune, mais ce sera nul, car je ne suis pas libre, et je proteste contre la contrainte dont je suis l’objet ! » Cette attitude n’était point de nature à lui concilier le sympathies de ces furieux.
Tout à coup un remous se produit dans la foule ; ce sont de nouveaux arrivants qui bousculent ceux des premiers rangs, et veulent se faire place. Fillion, hors de lui, s’imagine qu’on vient délivrer le préfet. IL veut s’opposer à sa délivrance. Il lève son revolver et tire au hasard devant lui, tue un garde national, blesse un de ceux qui gardaient avec lui le prisonnier. La foule pousse des cris d’effroi et de fureur, Une décharge part de ses rangs. Le préfet et Fillon tombent frappés à mort. Le corps du malheureux de l’Espée fut aussitôt transporté dans une pièce voisine. L’effarement était général. Peu à peu la foule s’écoula sur l’invitation des chefs de la garde nationale et des membres du club républicain. Ceux-ci constituèrent rapidement et au hasard une Commission exécutive. Cette Commission parvint à faire évacuer la salle, en disant : « La Commission entre en séance. Retirez-vous, citoyens ! Laissez la Commission délibérer !… » Tous ceux qui étaient restés, peu nombreux depuis qu’il y avait deux cadavres, se retirèrent,