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LIVRE V

VERSAILLES ET PARIS

LA JOIE À VERSAILLES

À Versailles, la soirée du 3 avril, la journée du 4, furent joyeuses. Les nouvelles venues des champs de bataille, d’abord favorables, puis excellentes, enfin triomphales, mirent bientôt la ville en fête.

Ainsi on était vainqueur partout ! Au Mont-Valérien, à Nanterre, à Meudon, à Châtillon, les redoutables fédérés étaient en pleine déroute. Le gouvernement et l’armée participaient à l’allégresse générale, mais avec une certaine modération qui faisait défaut à la population civile. Les soldats éprouvaient surtout une grande fatigue. Ils étaient heureux de pouvoir, la soupe mangée tranquillement, s’allonger et dormir à l’aise, contents surtout d’être revenus indemnes. Ils contemplaient avec ahurissement les vides, autour d’eux sous les tentes et dans les baraquements ; quelques-uns, à haute voix, récapitulaient les manquants à l’appel, tués ou blessés. Les ministres et les chefs, eux, hochaient la tête soucieusement : ils se disaient que tout n’était pas terminé, parce que Flourens et Duval avaient été