Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/359

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favorisé la Commune, mais aussi des écrivains réputés sérieux, ignorants cependant ou prévenus, qui ont paru admettre une certaine bienveillance des prussiens à l’égard des insurgés parisiens. Quelques-uns, ne pouvant nier la résistance opposée par les avant-postes allemands au passage des fédérés vaincus, fuyant dans les derniers jours, ni la remise aux autorités versaillaises de certains fugitifs, comme Henri Rochefort, ont cru être exacts en limitant cette attitude bienveillante des prussiens aux dernières semaines de l’insurrection. Mais dés la fin de mars, et dans la première quinzaine d’avril, l’Allemagne autorisa et facilita les renforts que quémandaient MM. Thiers et Jules Favre. On ne saura probablement jamais au prix de quelles bassesses, de quelles complaisances, de quelles renonciations anti-patriotiques, au moment où s’élaborait le traité de paix et la délimitation de nos frontières, ces deux hommes d’état purent acquérir la sympathie et les faveurs de l’ennemi.

M. Thiers, a dit Léonce Dupont, se hâta de passer sous les fourches caudines de M. de Bismarck. Il obtient en cinq jours à Francfort la paix qu’il a marchandée un mois à Bruxelles : il l’obtient en accédant à toutes les conditions que nos ministres plénipotentiaires ont eu mandat de refuser. Grâce à cette soudaine soumission aux exigences du vainqueur, l’Allemagne nous rend les prisonniers de guerre, sans lesquels peut-être le maréchal Mac-Mahon eût tardé longtemps encore à pénétrer dans Paris.

(Léonce Dupont. — Souvenirs de Versailles pendant la Commune, p. 412.)

FAIBLESSE DE VERSAILLES AVANT LE 3 AVRIL

M. Thiers, dans sa déposition à l’Enquête parlementaire, a officiellement reconnu ce qu’il devait à l’Allemagne, et dans quelles proportions elle l’avait aidée.