Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/381

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la seconde : une petite forteresse urbaine avec bastion en miniature, redan, courtine, tout en réduction. Entièrement construites avec des sacs à terre flanqués de piles de moellons, cette double barricade, armée et défendue, aurait dû tenir huit jours, arrêter une colonne, le canon ne pouvant de la place de la Concorde la battre directement, à raison de l’angle et du retrait formés par le solide palais de la Marine. Napoléon Gaillard l’avait édifiée avec lenteur, avec précision. Juché au faite de sa construction, dirigeant, stimulant les travailleurs, il montrait avec orgueil aux passants la barricade, sa barricade, et souriait. Il accueillait avec des gestes protecteurs les amis qui venaient l’admirer sur son chantier. La forteresse de la rue de Rivoli, que l’on appelait plaisamment Château-Gaillard, n’était pas terminée quand les Versaillais entrèrent. Tournée par les troupes, elle ne fut d’aucune utilité. Le service des barricades, bien que reconnu de première importance, n’exista donc qu’en projet. La barricade de la rue de Rivoli et celle de la place Vendôme ne furent que des démonstrations décoratives, et Paris ne fut barricadé qu’à l’improviste, au hasard, sans méthode, dans la fièvre et le désarroi des derniers jours de combat dans les faubourgs, comme au début d’une émeute. Cluseret et Rossel ont commis une faute inexplicable en ne veillant pas à la construction de ces barricades, qui auraient dd former une seconde enceinte fortifiée et transformer chaque quartier en redoutes à peu près imprenables. On a sans doute évoqué le souvenir de Moscou, à la lueur des incendies ; c’est à Sarragosse que l’on aurait dû songer.

ÉTAT-MAJOR

Les états-majors étaient nombreux : il y avait d’abord