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Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/414

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que dans la distinction entre sédentaires et actifs, comme au temps du siège. On peut même dire que cette séparation aurait pu être formulée ainsi : troupes de première ligne, troupes de soutien ou de réserve. Elle eût été logique et conforme à la nature des choses. L’insuccès de la sortie des 3 et 4 avril, la déroute de la cohue armée, où tous les éléments, bons, médiocres et mauvais, se trouvaient mélangés, la confusion de cette masse qui s’était précipité au dehors des murs comme une bande d’écoliers lâchés, et qui ensuite, avec la même précipitation et un désordre pire, s’était réfugiée derrière les fortifications, avaient démontré la nécessité de pratiquer une sélection, de tirer une armée organisée de cette mêlée vouée d’avance à la dispersion et à la défaite. Mais ce triage fut ordonné d’une façon maladroite et dangereuse.

Cluseret d’abord décrétait le service obligatoire, ensuite il prenait l’âge comme terme de séparation entre les bataillons de guerre et les bataillons dits sédentaires. De 17 à 35 ans, les gardes nationaux non mariés étaient incorporés dans les bataillons de guerre. Prendre la date de naissance pour point de départ de l’incorporation et de la libération du service est raisonnable et d’usage constant pour le recrutement des armées permanentes régulières. Le service militaire est une obligation à terme, un impôt du sang temporaire, et, avec le service universel et obligatoire actuellement en vigueur, il devient un stage imposé à tous, avant le retour à l’exercice des professions civiles, à l’existence normale du citoyen. Mais peut-il en être de même lorsqu’il s’agit de recruter et d’incorporer, pour un temps périlleux mais court, des insurgés ? La guerre avec les autres peuples, guerre d’agression, de conquête ou guerre défensive, ainsi que la paix armée, qui est une défense et une assurance contre les périls et les ruines de la guerre extérieure,