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VERLAINE EMPLOYÉ

même où j’allais obtenir de mon ami, le préfet de la Seine, la réintégration du poète dans les bureaux, Verlaine m’écrivait :


Une rechute de toux, quintes et grattements, m’a pris et a fait de moi un véritable roseau toussant. Aussi ai-je résolu de me mettre entre les mains des hommes de l’art pour huit à dix jours, durant lesquels prudence, fumigations, mâcher des pâtes, renifler des bols, clysterium donare, ensuita purgare, etc. Après quoi, et sérieusement je compte être debout.


Verlaine ne devait pas voir son vœu accompli. Il ne quitta plus, pour ainsi dire, le lit de douleur, et traîna désormais sa vie hasardeuse dans tous les hôpitaux de Paris. Charles Floquet avait quitté la préfecture de la Seine, et il ne put être donné suite à la demande de réintégration, qui fut cependant représentée à son successeur.

Mais, Floquet n’étant pas là, les directeurs du personnel et des cabinets préfectoraux mirent leur veto. Toujours l’objection de la légende de Belgique, le jugement de la justice belge mal lu, ou pas lu du tout, invoqué de travers, auquel s’ajoutait le fait exact de l’adhésion à la Commune et de l’existence bohème.

Verlaine reprit donc son existence famélique et sans dignité. Le mauvais vouloir administratif le rejetait, paria de la société régulière, dans la vie de misère et de vagabondage. Il avait cependant fortement voulu rentrer dans les cadres de la vie bourgeoise. Il avait tous les titres, tous les droits à cette réintégration. La préfecture de la Seine a été coupable et a assumé une grande responsabilité morale, en repoussant son ancien employé, qui n’avait commis aucune faute déshonorante. Il avait été condamné, il est vrai, mais à l’étranger, par des juges mal disposés à l’égard d’un Français, et pour une rixe