Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/431

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le génie de son père, en même temps qu’il s’est institué, avec une louable fierté, le gardien de sa gloire et de ses œuvres. Il a veillé à la publication de l’édition dernière des Œuvres complètes.

Bien que n’ayant pas eu la joie d’embrasser son fils, et la possibilité de s’occuper de lui, Verlaine songeait souvent à ce petit être issu de lui, né d’un unique et grand amour, qui grandissait loin de lui, qui peut-être ne le connaîtrait jamais ou le méconnaîtrait. Il se préoccupait de sa destinée. Quelle page intéressante que celle où, supposant son fils en âge d’être soldat, il imagine de lui donner des conseils, l’exhortant à servir la Patrie, où il s’efforce d’en faire un bon soldat, un honnête homme et aussi un bon chrétien. Verlaine écrivit ce sermon laïque, en 1874, à Mons, en cellule. J’ai déjà insisté, dût cette constatation déplaire à quelques-uns des récents admirateurs de Verlaine, sur le sentiment patriotique très vif chez l’auteur de l’Ode à Metz. Il détestait et flagellait « l’artisterie anti-patriote ».

Il demande donc à son fils, sous les drapeaux, de se montrer fort contre le respect humain et de faire son devoir de chrétien tout entier, sans s’inquiéter des sots ou des méchants, sans propagande non plus. Il lui donne des préceptes de conduite parfaits. Il était, hélas ! compétent en plus d’une de ces matières, et il avait connu, en y succombant, les tentations contre lesquelles il s’efforçait de mettre en garde le jeune conscrit de 1880 : les femmes et la boisson. « Un petit verre d’eau de vie, plate mais inoffensive récréation, invite au deuxième qui vous échauffe, et au troisième qui vous excite ; le quatrième vous habitue, et dès lors, c’est la fin de l’homme, dans quelles catastrophes ! »

Verlaine allait un peu loin dans sa prédiction ver-