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Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/521

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J’ai deux nouvelles courtes et plusieurs morceaux pour une seconde série des Mémoires d’un Veuf. (Mais, à propos, t’a-t-on envoyé ma Louise Leclercq, recueil de nouvelles paru presque en même temps que les premiers Mémoires ?) Des proses toutes prêtes aussi. Tu vois que j’ai quelque travail d’avance. Des amis s’occupent de les placer, mais… ! Que c’est drôle tout de même cette situation littéraire ! Mais je crois que si j’étais plus déniaisé au point de vue librairie et journalisme, je pourrais tout de même me débrouiller. Je vais donc essayer. Que diable ! Ce serait trop fort de mourir de faim.

Et d’abord, je vais me faire d’une économie ! mais quel effort, l’économie ! même avec rien dans sa poche, et très raisonnable. Ça je l’ai été, et puis très bien sans trop de peine remplir ce personnage.

Mais je bavarde. — Re-merci de ton envoi et re-à revoir.

Ton bien affectionné vieux camarade
P. Verlaine.


Paris, le 28 novembre 1887.
Mon cher ami,

Je te dois cette lettre, car tu peux t’étonner de mon silence, après ma résolution plusieurs fois exprimée de t’aller demander asile pour quelques jours en ton Bougival. Voici. Les 900 francs sur lesquels, en toute confiance, je comptais pour novembre, ne me seront remis qu’en avril, mais sûrement alors. Ils sont chez un notaire, Me Carrette, à Juniville, Ardennes. Je t’expliquai, je crois, que c’était le reliquat d’un dépôt en garantie de paiement d’un bien par moi vendu en 1882, sommes exigibles en six ans. Je m’étais trompé d’échéance, confondant celle du petit capital, mais c’est sûr, sûr !

L’impossibilité de toucher chez Vanier — spes unica ! — des sommes suffisantes pour vivre dehors, en attendant la bienheureuse échéance, m’a, sur le conseil réitéré d’amis venus me voir, déterminé à prolonger ici mon séjour le plus possible. Mais j’ai précieusement mis ton envoi de côté, dont mille mercis encore.

Cependant, toi, as-tu encore parlé de moi à quelqu’un qui pût m’aider ? Et conçois-tu quelque espoir ? Du moins, vois-tu moyen pour moi de placer ès-quelques journaux de la copie