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(nouvelles, fantaisies dans le goût des Mémoires d’un veuf, critique, traductions, etc.) ? Vanier, avec qui j’ai des engagements, mais si peu lucratifs ! ne s’en formaliserait pas, au contraire, et je crois qu’il ne verrait pas d’un mauvais œil un livre de prose mien publié chez un autre éditeur. Perçois-tu la possibilité d’un traité entre moi et quelqu’un de ses confrères, avec quelques avances sur un livre presque fini de nouvelles et fantaisies, dont une ou deux très raides, mais qu’on adoucirait, s’il le fallait, pour le moment ? Réponds là-dessus, n’est-ce pas ?

Et des leçons ? Anglais, latin, français, histoire (références, bachelier, expérience) ?

Je suis toujours dans le même état. Boiteux, mais pouvant un peu marcher, même presque suffisamment. Assez atteint toutefois pour intéresser. Je m’ennuie ferme, bien que je travaille beaucoup. Aussi quelle vie, quel entourage, quel enterrement, loin de toute réclame par moi-même, car les absents ont toujours tort !

Je ne t’en suis pas moins reconnaissant de tes bonnes digressions et allusions flatteuses à moi. Quand il y en aura dans tes journaux, tâche de me les envoyer. Mon volume Amour va, j’espère, bientôt paraître. Tu seras servi, naturellement, un des premiers. J’en ai, je dois te l’avoir écrit, un autre tout prêt, assez hardi, comme orgiaque, sans trop de mélancolie, ça fait partie de tout un ensemble, dont Sagesse est le frontispice, Jadis et Naguère une partie, Parallèlement une autre partie, et Bonheur, dont il y a une bonne moitié d’achevée, la conclusion. Une seconde série des Poètes Maudits est sous presse (Desbordes-Valmore, Villiers de l’Isle-Adam, et Pauvre Lélian (P. V.), et enfin j’ai ce volume, presque fini, de prose, un peu fouillis, — dame ! J’aurai le temps d’ordonner tout ça quand j’aurai some money for such a purpose.

Tu vois qu’on n’est pas un « feignant », comme on dit ici, en cet hôpital Broussais, salle Follin, lit 22, 96, rue Didot, Paris, 14e arrondissement, public admis jeudis et dimanches, de 1 h. à 3 h. de l’après-midi, où ça serait « rien batte » (toujours style d’ici) si tu pouvais quelque jour venir voir

Ton
P. Verlaine.