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P. S. — Ne tarde trop à m’écrire, — Et le Mot d’Ordre a-t-il inséré la note bienveillante annoncée par Lebesgue depuis mai ou juin dernier ?

J’y pense : Vanier, en même temps que les Mémoires d’un Veuf, t’a-t-il envoyé ma Louise Leclercq ? Toi, envoie donc tes Morts Heureuses, que je ne connais que pour en avoir entendu dire moult bien. Et à quand ton volume de vers ?

P. V.


Paris, le 3 janvier 1888.
Mon cher Edmond,

Toujours à l’hôpital, où je ne m’améliore, « quant à la jambe », qu’insensiblement en diable. Cependant ma santé générale est bonne, et, au dehors, nombre d’articles bienveillants semblent préparer à mes publications futures, — mes chantiers sont pleins, — quelque accueil pécuniaire auprès des éditeurs, et, si possible, en attendant ceux-ci, auprès des rédactions.

Je compte toujours sur tes bienveillants efforts en ma faveur pour colloquage mien éventuel es-asile honorable et petits ménages déguisés, si l’infortune doit me poursuivre à ce point en cette année qui s’entasse. Di talem !

Un docteur nouveau doit prendre le service au courant de ce janvier-ci ; circonstance qui peut me faire déloger plus tôt que je ne voudrais pour mes commodités financières. Tu dois te rappeler que ce n’est qu’en avril, — mais pour sûr maintenant, — que je compte sur 900 et des francs qui m’aideraient fort déjà. Vanier ne pourra disposer d’ici là en ma faveur que de 200 à 250 francs. Quelques articles par ci par là, nouvelles ou vers, pourront grossir un peu cette somme bien modeste, et avec du courage ! Mais à tout hasard, ou plutôt contre tout hasard, je tâcherai de rester ici le plus possible. J’en ai même écrit à un excellent ami, le Dr  Jullien, qui connaît tous ces messieurs. De plus, l’interne d’ici s’intéresse fort à moi. En un mot, je ferai tous mes efforts en vue d’une prolongation de séjour salutaire à tous les points de vue, car je travaille en paix au moins, en ce Broussais très calme.

À ce propos, mon volume, Amour, ne tardera pas à paraître. La pièce qui t’y est dédiée a paru dans la Vogue, en 1886. C’est intitulé « Écrit en 1875 ». Cela a trait à ma « villégia-