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PAUL VERLAINE

biographe a cru retrouver la généalogie de la famille dans un cartulaire nobiliaire. Selon ce document, les Manuscrits généalogiques de Le Fort, père et fils, hérauts d’armes du pays de Liège, aux xviie et xviiie siècles, contiendraient un chapitre se rapportant à une famille de Verlaine, existant dans le pays depuis 1531. Un de ces Verlaine aurait été doyen de l’université de Louvain en 1722. Cette famille seigneuriale possédait en fief le village de Verlaine, dans le Luxembourg. (Ch. Donos, Verlaine intime.)

Je ne crois pas que cette généalogie noble soit exacte, ou du moins qu’elle s’applique au fils du capitaine de génie Verlaine. Je préférerai adopter l’origine que donne M. Saint-Pol-Roux en ces termes assez curieux :


Un camarade à moi, vieux pâtre paissant quotidiennement sa génisse et ses deux vaches devant ma demeure, me dit, un jour, s’appeler Verlaine. Je tressaillis. Nous causâmes. Il me conta sa race. Intrigué, je tentai des recherches. Bientôt je pus attester au pâtre belge qu’un grand poète de France était son parent, à lui tout petit ; ce qui le fit hennir de joie. Nouant alors ses sourcils, comme s’il eût croisé les minces bras velus de sa mémoire, il sonda ce coin pour, à la longue, en extraire une rencontre jadis, dans les environs, à Paliseul, chez le colonel Grandjean, avec un collégien de seize ans.

— Eh bien ! ce Paul oublié, dont vous m’apprenez la renommée, est mon sous-cousin germain, déclara le pâtre d’Arville.

Résumons ses dires :

Le bisaïeul de Verlaine, après avoir suivi les armées françaises en chef de charriot, se fixa à Arville, venant de Braz, village voisin, élu franc-fief par l’abbé de Saint-Hubert. Dispensé de la dîme, de la gerbe, sa fonction consistait à assister en uniforme et sabre au clair aux grand’messes de l’abbaye. De son mariage avec une Henrion naquirent Michel et Henri. Henri eut deux filles et un fils, le capitaine du génie, père de Paul… (Saint-Pol-Roux, la Plume, février 1896.)


Cette modeste et rustique origine me paraît plus con-