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Page:Leprince de Beaumont - Le Magasin des enfants, 1843.djvu/102

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LE MAGASIN DES ENFANTS.

ivrognesse ; ce reproche la rendit si honteuse, qu’elle se corrigea. Car c’est la plus grande injure qu’on puisse dire à une

jeune personne que de lui reprocher qu’elle boit beaucoup de vin, du punch et des liqueurs fortes.
Vous voyez par là, mes enfants, qu’il faut bien prendre garde aux mauvaises habitudes, et surtout à celle-là. Ainsi vous pouvez boire du vin quand on vous en donne ; mais il serait mal d'en demander ou d'en boire sans permission. Allons, Marie, dites-nous votre histoire.

MARIE.

Noé et ses trois fils ayant eu beaucoup d’enfants, le pays où ils demeuraient leur parut trop petit, et ils résolurent de s’en séparer. Mais auparavant ils voulurent bâtir une grande tour, bien plus haute que les tours de Notre-Dame, parce qu’ils voulaient que ceux qui viendraient au monde quand ils seraient morts disent qu’ils avaient beaucoup d’esprit de faire un si bel ouvrage. Ils disaient aussi : « Si Dieu voulait nous noyer une autre fois, nous monterions au haut de cette tour, et l’eau ne pourrait venir jusque-là. Ils commencèrent donc cette tour ; mais Dieu se moqua de leur vanité et de leur folie ; car tout d'un coup il leur fit oublier la langue qu'ils savaient, et leur en apprit une si grande quantité d'autres qu'ils en s'entendaient