Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/228

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étincelle de foi religieuse qui ne brûlait plus que Faiblement dans son âme. Elle se mit ensuite à songer à madame d’Aulnay, à cette amie frivole et volage dont les conseils ne lui avaient jamais fait que du mal ; à Sternfield dont la conduite semblait tendre à produire le malheur de sa femme, et enfin à sa propre faiblesse, à son propre cœur devenu tiède. Alors, du fond de son âme s’échappa ce cri qui vint frapper la solitude de sa chambre et qu’elle adressait à Celui dont l’oreille est toujours ouverte à la voix du repentir : « Ô mon Dieu ! vous seul pouvez me sauver. »

Elle tomba à genoux, et avec un accent brisé par les sanglots, elle demanda à Dieu, — non pas superficiellement comme elle avait depuis quelque temps pris la triste habitude de prier, mais avec l’ardeur d’un appel fervent — la faveur de ne plus se rencontrer avec le colonel Evelyn, de faire disparaître l’amour qu’il avait pour elle ; elle implora la grâce d’avoir assez de force pour garder jusqu’à la mort, même contre la moindre pensée rebelle, la fidélité qu’elle avait jurée à Audley Sternfield. Dans la douceur de cette prière elle trouva le courage de demander l’esprit de soumission qu’une femme doit à son mari et qui lui ferait supporter patiemment toutes les épreuves que la dureté de Sternfield pourrait lui faire subir.

Elle était tout entière à cette prière quand la porte s’ouvrit doucement. Madame d’Aulnay entra.

— Comment es-tu, ma chère ? dit-elle avec bonté