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drait un. On ne pouvait prévoir quelle haute position sociale il devait occuper un jour. Ainsi parlait-elle.

— Bah ! dit Paul en ricanant, peut-être pour passer sa vie à fréquenter le Palais-de-Justice, se reposant sur papa pour payer les gants de kid qui couvrent ses belles mains blanches.

— Paul, mon fils, ne sois pas trop pressé de trouver à redire sur ton frère aîné, dit Durand, il ne m’a encore donné aucune cause de défiance et d’inquiétude.

— Non, au contraire, interrompit madame Ratelle en regardant son neveu avec indignation : il a remporté au collège les plus grands honneurs ; il a été publiquement louangé par ses professeurs pour son application, ses succès et sa bonne conduite. Se pourrait-il, Paul Durand, que tu serais jaloux de ton frère aîné ?

— O miséricorde ! s’écria Paul, je me rends, je me rétracte, je demande excuse, je veux tout ce que vous voudrez, tante Françoise, mais donnez-nous la paix. Je vous en prie, mon père, prêtez-moi une pipe et du tabac !

Madame Ratelle ne répliqua pas à cette sarabande ; mais il était aisé de s’apercevoir, par la manière brusque et nerveuse dont ses broches à tricoter se frappaient les unes contre les autres, que ses esprits n’étaient pas encore calmés.

Pendant que ceci avait lieu à Alonville, Délima Laurin passait tranquillement son