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LE MANOIR DE VILLERAI

L’appartement était simple, mais très confortable ; et des peintures religieuses, des statuettes et des livres étaient partout abondamment répandus.

— Voici votre chambre, Rose ; vous prendrez toujours vos repas avec moi, et vos devoirs seront de m’accompagner dans mes visites aux pauvres, de m’aider quand je couds pour eux, de répondre aux lettres et aux demandes que je reçois presque chaque jour, et de lire pour moi à haute voix de temps en temps, car ma vue commence à baisser. Trouvez-vous votre tâche trop forte, ma chère ? fit-elle en caressant doucement la riche chevelure de sa jeune compagne.

— Comme Dieu a été bon pour moi ! reprit celle-ci en pressant sur ses lèvres la main de madame de Rochon. Dans mes rêves les plus ambitieux, je n’ai jamais souhaité une telle position, une retraite comme celle-ci.

— Mais savez-vous, Rose, que je vous attendais depuis longtemps. Il y a quelques mois, quand la maladie de votre père commença à prendre une mauvaise tournure, mon bon ami, M. Lapointe, m’écrivit, me racontant votre histoire, et me priant, si j’avais besoin d’une jeune personne pour remplir la place que vous venez de prendre, d’attendre jusqu’à ce que vous fussiez libre. Il sut m’intéresser si vivement en votre faveur, que malgré ma vue excessivement faible et mes nombreuses occupations, je vous ai attendue depuis ce moment, ne voulant pas prendre une autre protégée, à laquelle j’aurais pu peut-être m’attacher et qu’il m’aurait été dur ensuite de renvoyer. Vous avez rempli noblement envers votre père vos devoirs d’enfant affectueuse, et un secret pressentiment me dit que ma patience va être maintenant récompensée. Je vous donne la journée pour vous installer et prendre possession de votre nouvelle chambre. Voici la servante avec votre malle, et dans cette commode vous trouverez différentes étoffes, dont, avec votre habileté dans la couture, vous pourrez vous faire un commencement de garde-robe.

Comme le cœur de la jeune fille se remplit de reconnaissance à cette nouvelle preuve de la prévoyance et de la bonté de sa nouvelle amie ; avec quel plaisir elle admira une pièce de toile d’une blancheur éclatante, une autre de flanelle toute neuve, et une jolie étoffe de deuil. Gants,