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livres, ne t’arrête ni à l’autorité de la tradition ni à la prétendue valeur d’un mot ou d’un nom.

Prends le dogme et regarde-le de près ; et toujours tu le verras s’amoindrir, s’effriter comme une pelote de neige que pressent les doigts d’un enfant.

Ainsi du dogme de Dieu, encore aujourd’hui le plus vivace. En la majorité, on pourrait presque dire en l’unanimité de ceux qui s’intitulent libres penseurs, cette idée est si profondément imprimée que, se déclarant incrédules à tous les mystères, dédaigneux de tous les rites, opposés à toutes les manifestations religieuses, ils émettent, dès qu’on les presse dans leurs derniers retranchements, cette restriction qu’ils n’admettent rien, mais qu’ils ne nient pas expressément l’existence de Dieu.

Ils ne comprennent pas que cette simple acceptation suffit aux exploiteurs de religions. Car Dieu, c’est l’autorité, c’est la hiérarchie, c’est la nécessité de la prière, c’est le temple, c’est le prêtre.

On ne crée pas un dieu de fantaisie, perdu dans les brumes de l’inconnaissable, pour ne point, très promptement, chercher à le rapprocher de soi. Bien vite, on parlera de sa bonté, de sa justice, et comme tout autour de nous n’est que déséquilibre et injustice, le pas sera vite franchi vers des compensations paradisiaques tenues en réserve par son infinie miséricorde.

Et toujours cette antienne :

Dites tout ce que vous voudrez, l’idée de Dieu est nécessaire.

En effet, elle est nécessaire pour tous ceux qui n’ont pas le courage d’envisager la situation réelle,