Page:Lermina - L’A.B.C. du libertaire.djvu/14

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nation qui, ne pouvant se justifier par aucun autre titre, s’en réfère à une sorte d’investiture céleste.

Pour le roi, pour le chef, pour le possédant, pour l’accapareur, l’idée de Dieu est nécessaire parce que c’est d’elle seule qu’ils tiennent l’apparence d’un droit. Ils ont inventé le maître pour pouvoir s’en déclarer les délégués et opprimer les masses en son nom.

Dieu est nécessaire pour le propriétaire : car s’il n’avait pas inventé cette fiction d’un Dieu répartiteur du sol, il n’aurait pu imaginer cette sinistre fantaisie de l’appropriation perpétuelle, fondée sur la conquête, c’est-à-dire sur le vol. C’est la Force qu’ils ont acclamée Dieu, et toutes leurs énergies se sont concentrées sur la défense de ce mensonge, qu’ils utilisèrent à leur profit.

L’idée de Dieu n’est nécessaire que pour les oppresseurs, pour les envahisseurs, pour les négateurs du droit collectif.

Pour l’inculquer aux masses, on a eu l’infernale habileté de la compliquer de l’idée de compensation. Qui a souffert sur terre jouira d’un bonheur éternel. Plus vous avez été malheureux ici-bas, et plus vous serez heureux dans le ciel.

D’où la résignation, d’où l’abandon par l’homme du bien qui lui appartient, la terre, au profit des brutaux et des aigrefins.

A ceux-là, l’idée de Dieu est nécessaire parce que, grâce à elle, ils ont pu, pendant des siècles, arrêter les revendications du droit humain, parce que les ignorants, les humbles, les faibles ont été courbés sous la violence, et ont baisé la main qui les frappait et les dépouillait, dans l’espoir insensé d’une revanche céleste.