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BALAOO

vu dans la cabane. La vieille mère gémissait dans la nuit et râlait, car elle était très malade ; mais une phrase de Balaoo lui rendit la respiration.

— Une carriole les amènera cette nuit, à onze heures… Tenez-vous prêtes…

Zoé était à genoux, embrassait les bottes de l’anthropopithèque :

— Tu les as sauvés, Noël ?… Tu les as vus ?… Ils vont venir tous les trois ?

Et elle les nomma tous les trois pour être sûre qu’il l’en manquerait pas un.

— Siméon ? Élie ? Hubert ?

Balaoo grogna : Siméon, Élie, Hubert.

— Tu as fait ça, Noël ? Tu as fait ça ?

Et, comme elle se traînait à ses pieds, il la repoussa du talon. Cette petite fille l’agaçait : quand ses frères étaient en liberté, elle se plaignait toujours d’être battue, et, maintenant qu’elle apprenait qu’ils s’étaient sauvés de leur prison, elle léchait, de joie, du cuir de botte !

— Vite ! dit-il, il faut que je rentre. Qu’est-ce qu’ils vont dire là-bas ?

La petite pleura : Mlle Madeleine t’a cherché toute la journée. Elle est allée partout dans la forêt en chantant : Balaoo !… Balaoo !… Balaoo !…

— Pitié de moi ! fit Balaoo en se tenant un grand coup de poing sur la poitrine qui résonna comme un gong, et il ne salua même point la vieille, tant il avait hâte d’être dehors.

Dehors, il renifla. Ça ne sentait plus le gendarme. Il prit par les vignes, chemin qu’il connaissait pour l’avoir suivi cent fois, quand il sautait le mur de son maître pour venir chercher les Vautrin et courir, avec eux, l’aventure