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BALAOO

Riom, quand il leur avait ouvert leur cage d’hommes.

Comme la lueur tombait et que le tocsin se taisait, Balaoo rentra chez lui. Il fit craquer une allumette.

Il alluma une bougie, qui ne lui avait pas coûté cher, non plus que le bougeoir. On pouvait dire que Balaoo s’était meublé à peu de frais, les épiceries-merceries et différents commerces du village lui avaient fourni, à la longue, le nécessaire ; et il avait des provisions dans son cellier, car sa hutte, qu’il avait fort proprement, et solidement et confortablement construite à la mode anthropopithèque avec des roseaux, des feuilles, des fougères, des branchages, de la charmille, se divisait en deux chambres à la mode des hommes. Dans la plus reculée, il entassait les objets de son industrie et les fruits de son larcin ; dans la première, qui était toujours bien propre et fort agréablement tenue et à peu près décorative, il n’y avait que le strict nécessaire, c’est-à-dire : une natte, une commode qui contenait quelque linge et effets de rechange, surtout des faux-cols et des manchettes bien empesés pour lesquels Balaoo avait une vraie passion (la commode avait appartenu dans le temps au docteur Honorat), une table de nuit (de même provenance), sur laquelle il avait disposé un portrait-carte de Madeleine, et c’était tout.

Pas de lit. C’était bien assez d’en avoir un avec des draps, dans son appartement de la maison du village. Ici, quand on voulait dormir, on couchait sur la natte ; et, quand on voulait causer, aussi. Balaoo avait horreur des fauteuils, à quelque style qu’ils appartinssent. Ceci ne signifiait point qu’il fût l’ennemi de l’art décoratif ; ainsi il avait disposé sur ses murs, des tableaux-réclames des meilleurs chocolats et des plus succulents biscuits.