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CHAPITRE IX

balaoo se défend


Voilà deux nuits que Coriolis n’a point quitté sa tour. Il avait fait construire là-haut une sorte de belvédère où il aimait à aller se recueillir, ne se trouvant pas, sur sa terre, malgré les murs qui la défendaient, assez loin des hommes qu’il méprisait.

Là, Coriolis vient de passer deux nuits et un jour atroces. On ne saura jamais ce qu’il a souffert, bien qu’il ne fût point porté à s’exagérer l’importance de la disparition d’un Herment de Meyrentin de la surface du globe.

Quand on est le cousin germain d’un Monsieur qui a écrit sur le Darwinisme et sur les théories transformistes toutes les bêtises dont ce bibliothécaire prétentieux, pendant vingt ans, a rempli les Revues savantes, on ne doit pas s’attendre à être pleuré par un vieil original qui, lui, a étudié la nature de près, sous toutes les latitudes et qui l’a embrassée d’un coup d’œil, la jugeant une et indivisible et s’apprêtant, avec son anthropopithèque à le prouver.

Au fond, qu’était-il venu faire chez lui, ce Meyrentin de juge ? Il lui avait peut-être été envoyé par le cousin de l’Institut qui aurait eu vent de l’anthropopithèque !… Évidemment, cet anthropopithèque allait gêner bien du monde ; mais tant pis !… tant pis pour les imbéciles