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BALAOO

Patrice avait été étonné par Zoé. Mais la vue de Noël le plongea dans une stupéfaction profonde. « Il a bien changé depuis le verger de la plante-à-pain », pensa-t-il en s’inclinant assez froidement devant le salut bref de l’ex-commis-jardinier.

Et tout ce monde se mit à table !

Coriolis n’avait point été démonstratif avec son neveu. Il lui avait, en une phrase rapide, demandé des nouvelles de ses parents, et, sans attendre la réponse, lui avait indiqué sa place entre Madeleine et Zoé ! Noël se trouvait entre Zoé et Coriolis.

— Quand tu auras fini de faire des yeux en capote de cabriolet, tu me diras ce qui t’étonne ici, mon garçon ?

C’était Coriolis qui rompait le silence gênant qui avait suivi l’absorption du potage.

Patrice, ainsi interpellé, fut honteux devant Madeleine. Il eut cependant l’audace de répliquer en baissant le nez dans son assiette.

— Ce qui m’étonne ici, c’est le monocle de M. Noël !

Madeleine l’avertit aussitôt, d’un petit coup de pied sous la table, qu’il venait de dire une bêtise. Mais il était trop tard, l’oncle l’entreprenait déjà.

— Ton père porte bien des lunettes ; je ne vois point pourquoi M. Noël, dont la vue est faible de l’œil gauche, se priverait d’un verre concave. L’astigmatisme n’est point le privilège de la race blanche, ni l’usage des lentilles pour le corriger !

Ceci fut dit d’un ton sec et méprisant qui foudroya Pa-

    et bombé dénotait une grande perspicacité. Ses oreilles étaient grandes mais parfaitement bordées ; enfin ses mains, presque de forme humaine, ne possédaient pas de griffes, mais des ongles véritables que son maître entretenait avec le plus grand soin !  »