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BALAOO

— C’est bon ! fait Coriolis ! Tu sais tes maximes ; mais elles ne t’ont pas empêché de voler une tarte ! Tu n’auras pas de noix !

Justement, Gertrude les apportait. Elle les déposa sur la table. Les yeux de M. Noël brillaient comme des escarboucles. Mais la main de Coriolis, sans avoir l’air de rien, jouait déjà avec le petit bâton d’ébène.

— Papa ! supplia Madeleine !…

Noël la remercia d’un coup d’œil humide. Le monocle était retombé.

— Papa ! continuait Madeleine… tu es si content de lui pour la conférence Bottier !

— M. Noël fait des conférences ? interrogea Patrice.

— Jeune provincial ! répliqua Coriolis. Si vous n’aviez pas fait votre droit dans des facultés lointaines, vous sauriez que la conférence Bottier est une assemblée de jeunes étudiants qui se destinent au barreau et qui se réunissent le soir au Palais de Justice pour se donner l’illusion des plaidoiries et pour s’accoutumer à la parole.

— M. Noël veut être avocat ?

— Nous verrons cela plus tard !… Pour le moment, je lui fais travailler le maniement du discours. Il ne s’en tire pas mal ! Oh ! celui qui lui a coupé le filet n’a pas perdu son temps ni, comme on dit, volé son argent !

— Il a pris la parole à la conférence Bottier ?

— Pas encore !… J’hésite à attirer l’attention sur mon élève avant d’être tout à fait sûr du succès. Mais je l’accompagne là-bas : il voit comment on établit l’affirmative et comment on y répond par la négative. Le jour où il prononcera son premier discours sera un beau jour !

Coriolis émit cette dernière phrase avec une telle cha-